François Fillon, qui ambitionne de se présenter à la présidentielle de 2017, évoquait, l’an dernier, pour Gala, les passions qui l’animent.

Gala : Vous racontez dans votre livre, « Faire » (Albin Michel), qu’à 14 ans, vous aviez la photo du général de Gaulle dans votre chambre. Vous n’avez donc jamais été jeune ?

François Fillon : Je vous rassure, à côté de celle du général, il y avait les Rolling stones ! J’étais en fait un élève assez dissipé au collège notamment, je m’ennuyais en classe et j’avais l’esprit de bravade. Il m’est arrivé de lancer une ampoule lacrimogène pendant une heure d’étude surveillée. Mes camarades étaient internes et comme nous vivions à 3 kilomètres, j’étais le seul à rentrer chez moi le soir. Je les ravitaillais en boissons et biscuits.

Gala : Malgré votre admiration pour le général De Gaulle vous avez voulu participer à votre manière à mai 68…

F. F. : Cela n’avait rien de politique. Simplement, nous étions à la campagne et les bruits de la ville nous parvenaient de manière très diffuse. Nous avons donc fait le mur un soir, avec toute ma classe pour aller voir ce qui se passait de plus près. Mais, comme je suis ensuite rentré chez moi pour dormir, les gendarmes ont pu retracer mon itinéraire et retrouver mes camarades cachés dans une grange. L’aventure a tourné court.

Gala : Vous avez reçu une éducation très stricte. Votre père notaire était « plus sensible à l’ordre qu’à l’injustice », dites-vous.

F.F. : Comme j’étais assez insolent, nous avions des discussions animées à table. Ma mère qui était professeure d’Anglais au Mans a un temps mis sa carrière entre parenthèses pour aider mon père à son étude et élever ses quatre fils. Elle comprenait mon côté « rebelle » et prenait généralement mon parti contre mon père. Elle a toujours couvert mes frasques.

Gala : Vous étiez aussi très proche de votre grand-père paternel.

F.F. : J’aimais me retrouver chez lui au Mans chaque week-end. Il est à l’origine de ma passion pour la photographie et de celles pour les nouvelles technologies et pour l’automobile. J’ai tout de suite aimé ce sport où l’on est contraint de se dépasser et de ne compter que sur soi.

Gala : Avez-vous retrouvé ce genre de sensations dans votre vie politique ?

F.F. : L’adrénaline est sans cesse présente. Etre dépendant du choix des citoyens en remettant son mandat en jeu à chaque élection est à la fois responsabilisant et galvanisant. Il n’y a jamais de routine ou de longs moments de confort. Vous vivez au rythme de la France. Elle vous inspire et vous aspire. On est dans une situation de tension permanente. Mais on se rend compte au final qu’on ne peut pas s’en passer.

Crédits photos : @IngridMareski