La compétition fait un détour violent et pessimiste par la Chine avec “A Touch of Sin”, de l’habitué de Cannes Jia Zhang Ke.

A Touch of Sin de Jia Zhang Ke

Avec Wu Jiang, Wang Baoqiang, Tao Zhao…

Sélection officielle – Compétition

De quoi ça parle ?

Un justicier raté qui sombre dans une folie meurtrière, un homme éloigné de sa famille qui ne se sent bien qu’une arme à la main, une femme victime de la lâcheté des hommes et un jeune qui vivote entre différents emplois. Quatre personnages pour quatre tableaux qui dépeignent une Chine contemporaine violente et complexe…

Ce qu’il faut savoir

Troisième présence en compétition officielle pour le chinois Jia Zhang Ke, après Plaisirs inconnus et 24 City repartis bredouilles. Pas de quoi perturber ce quarantenaire, Lion d’Or à Venise en 2006, qui signe avec A Touch of Sin une fresque violente et désabusée sur un pays en mutation. Travailleurs exploités, citoyens poussés à bout, femme bafouée : tous ces personnages d’abord impuissants finissent par se rebeller dans la violence. D’où plusieurs scènes sanglantes, mais non dénuées d’humour, qui font de ce long film (2h13) un polar tout autant qu’un drame qui dénonce avec vigueur (et beaucoup de sang) les inégalités sociales. Un portrait de la Chine tellement pessimiste que certains se demandent comment il a pu passer à travers les mailles du filet de la censure.

Ce qu’en pense la presse

Jennifer Lesieur (Metro)

“[Un] développement trop rapide et inégalitaire, montré avec des ficelles un peu grosses, et des histoires pas assez abouties pour vraiment émouvoir. Une seule intrigue aurait peut-être été plus impactante que ces quatre moyen-métrages qui semblent bien longuets, malgré leur évidente bonne volonté.”

Justin Chang (Variety)

“Le film attirera sans aucun doute les cinéphiles avertis, et provoquera certainement la controverse malgré le soutien officiel du gouvernement chinois. Très certainement le film le plus accessible de Jia, mais aussi le plus schématique et, si l’on met de côté les lames affutées, le moins tranchant.”

David Rooney (The Hollywood Reporter)

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“L’inconstance du ton et la lenteur du rythme affectent l’efficacité de ces quatre histoires […] Malgré de solides performances d’acteurs et des moments marquants, le film donne une décevante impression de banalité. Certains des personnages auraient eu besoin d’être plus solidement développés pour que l’on se centre uniquement sur eux. Incorporés dans cette étude trop diffuse de l’escalade de la violence, leur impact est dès lors moindre.”

Fionnuala Halligan (Screen)

“En faisant appel à des acteurs professionnels, Jia signe son oeuvre la plus ambitieuse […] Mais le caractère répétitif des scènes de violence leur fait perdre de leur puissance au fur et à mesure que le film progresse.”

Peter Bradshaw (The Guardian)

“Le film n’est pas juste une réflexion sur l’exploitation, mais une plongée rageuse, douloureuse et satirique dans le coeur de la Chine contemporaine telle que la voit le réalisateur. Il tente ici vaillament de le faire comprendre aux spectateurs du monde entier […]C’est un drame amer, pessimiste sur la Chine et le monde entier.”

Aurélien Allin (CinémaTeaser)

“Une charge qui déborde sans aucun doute de sincérité mais dont la narration, qui va du bancal au franchement ennuyeux, manque de rigueur pour ne pas tomber dans la complaisance […] A Touch of Sin, malgré ses atours de grand exposé n’en demeure pas moins une expérience de cinéma salutaire, ne serait-ce que pour son caractère inédit : qui, aujourd’hui, ose filmer ainsi la Chine ?”

L’actu de Cannes 2013

Maud Lorgeray