Primée à Cannes en 2011 pour son rôle dans Copie Conforme, la star est de retour avec Sils Maria d’Olivier Assayas. Film dans lequel elle joue… une actrice.

Gala: Vous êtes venue au Festival de Cannes il y a 29 ans avec Rendez-Vous, film qui vous avait révélée au grand public. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la jeune actrice que vous étiez?

Juliette Binoche: Je ne suis pas quelqu’un qui regarde en arrière… Je suis une fervente du présent. Le cinéma me remet a chaque fois en question. Je ne sais jamais ce que j’ai joué, ce que je vais jouer plus tard. Je suis dans le moment. C’est ma verticalité: les pieds bien ancrés dans le sol et une capacité d’imaginer, rêver…

Gala: Dans Sils Maria, vous jouez une actrice. Tout ressemblance avec un personnage existant est-il fortuit?

J. B.: (elle rit) Évidemment, pour une fois, je n’ai pas eu besoin de beaucoup me documenter pour appréhender le rôle! Je sais ce que c’est. Mais il me fallait quand même imaginer un personnage: Maria est très éloignée de ce que je suis. Et ça m’a amusée de jouer une actrice lunatique, avec des humeurs. On me demande souvent si mes personnages me ressemblent. On met un peu de nous, peut-être, mais c’est fondamental de rester persuadés que nous sommes quelqu’un d’autre. Il y a une transformation obligatoire.

Gala: Le film évoque la difficulté pour les actrices de se renouveler, passé quarante ans. Est-ce un souci pour vous?

J. B.: De ne plus jouer des filles de vingt ans? Pas du tout! Ce n’est pas mon souhait. Plus on vit et plus se creuse en nous les questions essentielles. Comme de la glaise qu’on malaxe… La vie nous sculpte et heureusement que l’on change!

Click Here: nrl shops

Gala: L’une des phrases clef du film est lorsque la jeune actrice dit insolemment à son aînée: «Moi, c’est ce qui est va arriver ensuite qui m’intéresse». Est-ce également votre manière d’envisager votre carrière?

J. B.: Totalement. La répétition c’est ennuyeux. On a besoin d’aller vers la nouveauté pour avancer. Après avoir tourné Bleu, j’ai reçu beaucoup de scénarios sur le deuil, les femmes qui survivent à un accident… Mais j’en ai fait le tour! Je ne pense pas à l’avenir. Pour moi l’avenir vient à nous plus que nous n’allons à lui. Trop l’envisager nous empêche d’avancer.

Gala: Le personnage de Maria méprise les blockbusters, la grosse industrie du cinéma. Qu’en pensez-vous, vous qui venez de tourner dans Godzilla?

J. B.: (elle rit) Je l’ai surtout fait pour faire plaisir à mon fils! Mais j’ai quand même beaucoup aimé travailler avec Gareth Edwards…