Près de 50 000 personnes étaient au rendez-vous pour la venue dans l’Hexagone de Justin Timberlake. Samedi soir, le chanteur américain faisait un retour en grande pompe sur la scène du Stade de France après sept ans d’absence.
L’excitation est palpable aux abords du Stade de France. Des légions de jeunes filles, beaucoup de garçons, des personnes plus âgées… tous marchent telle une armée vers les gigantesques portes de l’arène sportive. Sept ans que Justin Timberlake ne s’était pas produit en France. En 2007, il défendait au Palais des Sports de Bercy son deuxième album Futuresex/Lovesounds, produit par Timbaland et considéré à l’époque comme révolutionnaire dans la musique urbaine américaine. Depuis, le mari de Jessica Biel avait effectué une pause dans sa carrière musicale afin de se consacrer à d’autres aventures. D’abord, il y a eu William Rast, sa griffe de pantalons en denim, devenue une marque reconnue de lifestyle cool et dans l’air du temps, aujourd’hui inscrite au calendrier officiel de la Fashion Week de New York. Mais c’est surtout au cinéma que Justin Timberlake s’est essayé, avec un succès non négligeable : Bad Teacher avec son ex-petite amie Cameron Diaz, Time Out, Sexe entre amis avec Mila Kunis et The Social Network de David Lyncher. Malgré son image de chanteur à minettes, il est parvenu à se faire une place à Hollywood. Mais ses fans, nostalgiques de ses mélodies qui savent être aussi dynamiques que sulfureuses et émotives, n’ont pas tardé à réclamer un retour à la musique. Un message qu’il a entendu. En 2013, il revient avec The 20/20 experience, un double album acclamé par la critique.
Sur la scène de la plaine Saint-Denis, le crooner entame, de son falsetto singulier, Pusher lover girl, slow-tempo R&B issu de son dernier opus. Cintré dans un costume trois pièces noir, les cheveux gominés à la James Dean, mocassins aux pieds, son allure crie l’élégance. Son époque N’Sync, baggy en jean et cheveux crolés un brin ringards, semble alors très loin. Place ensuite au show, le vrai. Il se lance dans une chorégraphie endiablée, exécutée avec précision sur son hit Rock Your Body. La foule est en liesse et scande en cœur les paroles du titre qui a grandement contribué à la signature Justin : des paroles sexy et incitatrices sur un son organique entraînant, entêtant.
De gauche à droite, il occupe la scène sans erreur, accompagné d’une dizaines de danseurs qui suivent la cadence et de choristes au coffre à ne pas sous-estimer. Et ce n’est pas la mauvais temps parisien qui le stoppera, au contraire. L’air charmeur, il entonne quelques notes de Singin’ In The Rain avant de marmonner quelques mots dans la langue de Molière. “J’aimerais parler français, mais mon français, c’est la m*rde” dit-il, le sourire aux lèvres. Aux abords de la fosse, on voit des pompiers mobilisés pour l’occasion évacuer des adolescentes évanouies. La faute au “je vous aime” de Justin ? Like I Love You, Señorita, Summer love, My love, Sexyback… Il enchaîne ses titres et les routines de danse sans une once de fatigue. Justin Timberlake exulte et son public le lui rend bien.
Sur Cry Me a River – qui ne pouvait pas mieux tomber vu l’averse incessante, on ne peut s’empêcher de se remémorer son histoire d’amour avec Britney Spears de 1999 à 2002. Comme dans sa discographie, il surfe entre rythmes blues, mélancolie soul, accents rock, rap percurtant et pop plus accessible. Après une heure sans répit, ce natif de Memphis (état du Tennessee) s’accorde un entracte. Dix minutes plus tard, il surgit à nouveau, guitare à la main. Moment phare de ce concert évènement, la scène s’élève et traverse le stade alors qu’il se lance dans une interprétation dynamique de son Let the Groove Get In aux sonorités latines. En plein milieu des festivités, Justin n’oublie pas de rentre hommage à ses idoles. Dans une émotion que l’on devine, il a repris Human Nature de Mickael Jackson et Heartbreak Hotel d’Elvis Presley.
Suite à 2h30 d’un spectacle qui répond à ses promesses, il clôt avec son dernier succès dans les charts Mirrors, ballade romantique à l’honneur de ses grands-parents. “C’est magique” commente une spectatrice alors que l’ensemble du stade lève les flashs de leur téléphones. Mimant un cœur avec les mains, il se retire ensuite en remerciant son public français. À seulement 33 ans, l’artiste prouve qu’il est toujours au sommet de son art et de l’industrie musicale malgré son absence et ses essais sur grand écran. Si bien qu’on pourrait se laisser tenter à lui accorder le statut de nouveau King of Pop….