Elle a choisi d’écrire un ouvrage sur le combat qu’elle mène désormais depuis un an et demi: celui de rendre sa liberté à son mari, Vincent Lambert, en état végétatif suite à un accident de la route. Rachel Lambert livre à travers Parce que je l’aime, je veux le laisser partir (aux éditions Fayard) un témoignage poignant sur son histoire d’amour, et un récit sur les terribles épreuves traversées.
Rachel Lambert a longuement hésité avant d’écrire son livre. «On me l’avait déjà proposé une première fois l’an dernier, j’avais refusé. J’estimais que pour écrire une histoire il fallait en connaître la fin, confie la jeune femme ce lundi matin au micro d’Europe 1. Malheureusement, les événements ont perduré. J’ai pu lire des contre-vérités ici et là, des choses fausses, vilaines. J’ai besoin qu’il reste quelque part notre vérité. Quelque chose de joli dans tout ce qu’on peut lire.» Discrète, elle vit depuis plus de cinq ans au rythme de l’état de santé de son mari, de ses allers-retours dans sa chambre d’hôpital, de ses espoirs finalement déçus.
Après des années au chevet de Vincent, en février 2013 – suivant les conseils de l’équipe médicale – elle décide d’appliquer la loi Leonetti qui autorise dans certains cas l’euthanasie passive, comme cesser de l’alimenter. La famille de Vincent s’oppose fermement au choix de Rachel, fédérant dans sa colère une branche virulente d’opposants à l’euthanasie. L’histoire de famille devient l’Affaire Vincent Lambert. Son témoignage est une façon pour elle de se réapproprier son histoire comme elle l’explique dans les colonnes du JDD. «J’ai envie qu’il reste la beauté de notre histoire. Dans la première partie du livre, je raconte des choses simples: notre rencontre, mon admiration d’élève infirmière pour le soignant aguerri qu’il était (…) C’est une manière de dire mon amour au milieu de toutes cette folie médiatique.»
Une folie médiatique dont elle peine à voir l’issue, alors même que son époux aurait refusé cet acharnement thérapeutique. Il l’avait d’ailleurs verbalisé comme elle l’explique. «Vincent était pour lui-même favorable à l’euthanasie en cas de malheur». Un choix que ne respecte pas une partie de ses proches. «Je respecte les convictions des parents de Vincent, de sa sœur et de son demi-frère qui pensent, contrairement au reste de la fratrie et à moi, que mon mari doit rester en vie. Simplement, je dis que c’est la parole de Vincent qui devrait être prise en compte.» Alors que le Conseil d’Etat avait approuvé la loi Leonetti dans le cas de Vincent, la Cour Européenne des Droits de l’Homme s’est saisi du dossier, laissant Rachel dans l’expectative. «Je n’ai aucune nouvelle. (…) Tout ce que je veux, c’est que Vincent soit entendu, dans le respect des vœux échangés.»
Parce que je l’aime, je veux le laisser partir (aux éditions Fayard), Rachel Lambert