Au-delà des groupes de personnes présentant plus de risque d’infection par le VIH, apparaissent aujourd’hui les “populations invisibles“. Se retrouvant dans des lieux de rencontres extérieures, ces populations sont peu soucieuses de la prévention. Pour les sensibiliser, l’association HF Prévention privilégie une action de terrain.
L'association HF Prévention a distribué 35 000 préservatifs dans les lieux des rencontres extérieures.
En France, plus de 6 000 nouveaux cas de séropositivité ont été enregistrées en 2012, un chiffre qui reste stable depuis 2008 mais qui est supérieur au nombre de découvertes de séropositivité enregistrées entre 2004 et 2007. On estime par ailleurs qu’en France, 50 000 personnes séropositives ignorent leur statut.De la difficulté d’inciter les jeunes à se faire dépisterDe nombreux jeunes pensent que “le test est quelque chose d’inatteignable ou qui suscite des craintes“, selon Christophe Girard, Maire du 4ème arrondissement de Paris. A ce propos, le professeur Alain Sobel, immunologiste clinicien à l’Hôtel-Dieu de Paris et président du Corevih (Coordination régionale de la lutte contre le VIH) Ile-de-France Sud précise que parmi les nouvelles contaminations, au moins 50 % sont des hommes âgés de 20 à 45 ans, ce qui fait de cette population l’une des plus exposées en France et dans le monde. “De plus, pour ces jeunes, faire le test et connaître une séropositivité éventuelle les amène à se voir entrer à un âge précoce dans une maladie chronique dont le traitement sera à vie, ce qui représente un lourd fardeau“ ajoute le Pr Sobel.S’agissant du test de dépistage, pour le Pr Sobel “le positionnement du dépistage et du traitement de l’infection par le VIH a beaucoup évolué en 20 ans, notamment avec l’arrivée des tests fiables et de traitements efficaces avec moins d’effets secondaires. Cette évolution fait penser à certains que le dépistage n’est pas essentiel. Or, ce dernier reste plus que jamais essentiel pour la prévention et la santé publique car il constitue le premier pas opérationnel afin de trier les personnes séronégatives et faire en sorte qu’ils le restent, et les personnes séropositives pour leur proposer un traitement et un suivi adaptés y compris en termes de protection de leurs partenaires sexuels“.Par ailleurs, parmi les plus de 6000 nouvelles découvertes de séropositivité, l’ancienneté de la contamination est très variable, allant de la période de primo-infection au stade du sida déclaré. A souligner que la période de primo-infection est une période délicate pour les partenaires sexuels des personnes récemment contaminées car la charge virale est extrêmement élevée, ce qui augmente le risque de transmission du virus.Malgré les campagnes d’information, la transmission du VIH se poursuitPlus de 30 ans après les premiers cas de sida, les nouvelles contaminations se poursuivent dans tous les pays. Selon le Pr Sobel, plusieurs raisons expliquent cette situation : “ce n’est pas parce qu’on connait le risque qu’on évite une situation à risque, et un bon exemple est celui des conduites qui provoquent des accidents de voiture“.Et d’ajouter : “cela est encore plus vrai pour la sexualité où les comportements à risque sont facilités, entre autres, par les nouveaux modes de communication qui rendent les rencontres plus faciles, parfois anonymes. Et même en connaissance de cause, car on le sait, la prévention de la transmission du VIH est enseignée à l’école ; pour autant, nombreux sont les jeunes qui ont des comportements à risque. Autrement dit, même la connaissance n’exclut pas complètement la prise de risque“.Populations invisibles : le cri d’alerte de HF PréventionParmi les populations émergentes à risque devenues “publics prioritaires“ pour la prévention, les populations dites invisibles sont constitués de personnes fréquentant des lieux de rencontres extérieures (forêts, parkings, aires d’autoroute…), peu soucieuses de la prévention et de ce fait, exposées à un très haut risque de transmission du VIH.Selon Jérôme André, président de HF Prévention, il s’agit d’une population hétéroclite dans laquelle on retrouve des prostitué(e)s hommes et femmes, assumée(e)s ou non. Parmi les prostitué(e)s non assumé(e)s, on retrouve par exemple des étudiants ou des mères célibataires (ou non) en situation précaire.Mais il y a aussi des transsexuels, des échangistes et surtout des hommes qui constituent environ 50 % des habitués de ces lieux de rencontres. Parmi ces derniers, 80 % sont des hommes ayant des relations sexuelles avec de hommes (HSH), mais qui se disent hétérosexuels, et dont beaucoup sont mariés. Le 20 % restant des habitués de sexe masculin sont des homosexuels.Question âge, il s’agit de personnes de 35-45 ans, beaucoup de 46-60 et un peu moins d’hommes de plus de 60 ans. Les plus jeunes organisent leurs “plans“ via Internet et de ce fait la population des 18-35 ans est faible dans les lieux de rencontres extérieures (LRE).HF Prévention, souvent le seul relais de santé dans les LREA la différence d’autres associations agissant en zone urbaine, HF Prévention concentre ses efforts et ses actions dans les LRE, auprès des populations invisibles. Les animateurs de HF Prévention se rendent tout au long de l’année dans des LRE de deux départements (95 et 78) en semaine, la nuit et un week-end par mois.Le but ? Rencontrer des personnes pour parler de leurs pratiques en privilégiant l’écoute et le non-jugement. Ces rencontres font apparaître beaucoup de problèmes, de souffrance et de mal-être comme les pratiques à risque, une double-vie, la difficulté à assumer sa sexualité, une séropositivité, une misère affective ou l’angoisse de la maladie. Les animateurs apportent ainsi conseils, orientation vers un parcours de soins et bien sûr, des préservatifs pour se protéger.Il est important d’agir sans stigmatiserPour le Pr Sobel, “agir auprès de ces populations invisibles est indispensable car le risque de transmission du VIH est beaucoup plus élevé en situation de clandestinité car elle constitue un obstacle à la prévention et à la santé publique“. Il est par ailleurs également important de ne pas stigmatiser l’orientation sexuelle ou la maladie.Mais malheureusement, constate J. André, “la montée de l’homophobie depuis les débats suscités par la loi du mariage pour tous n’épargne pas les LRE et nous sommes plus fréquemment attaqués par des groupes de skin heads. Ces agressions et les contrôles inopinés de la police dans certains lieux nous rendent la tâche plus difficile car ces populations ne disparaissent pas : elles se déplacent ou se dispersent“.Le test TROD : “Une minute pour savoir“Une autre activité de HF Prévention est de proposer la réalisation du Test Rapide d’Orientation au Dépistage VIH ou TROD, simple d’utilisation et facile à réaliser d’où leur slogan “Une minute pour savoir“. Le test est réalisé dans leur “Chausson“, le camping-car utilisé lors des maraudes de l’association.L’association a publié un rapport TROD 2012 évaluant les tests de dépistage rapide VIH 1 et 2 conduits sur les départements des Yvelines (78) et du Val d’Oise (95) auprès des populations invisibles. Les résultats montrent que sur 621 personnes testées, 16 ont découvert leur séropositivité (soit 2,57 % de taux de séropositivité lors du dépistage), 51 % n’avaient jamais fait le test et 7 personnes sur dix (70 %) ne connaissaient pas leur statut sérologique. A titre comparatif, les taux de séropositivité est de 1 % pour les tests pratiqués par l’association Aides et de 0,2 % pour ceux faits dans les centres de dépistage anonyme et gratuit.Enfin, parmi les nombreuses actions, HF Prévention mettra prochainement des services de prévention sur Internet et Smartphone.Jesus CardenasSource : Conférence de presse du 27 juin 2013 “VIH et les populations invisibles : un constat alarmant“ organisé par HF Prévention.Click Here: Rugby league Jerseys