Le syndrome d’
apnée du sommeil (SAS) est un trouble fréquent, surtout chez les porteurs de stimulateur cardiaque. Ses conséquences sur la santé sont importantes, notamment au niveau cardiovasculaire. Les moyens diagnostiques actuellement validés sont fiables mais leur utilisation est un peu complexe ou pose de problèmes de délais d’accès dans les centres d’étude du sommeil, ce qui explique en partie le sous-diagnostic du SAS. Un nouveau stimulateur cardiaque permet, chez les porteurs de l’appareil, de diagnostiquer un SAS et de suivre son évolution.
Le syndrome d'apnée du sommeil est fréquent chez les personnes âgées
Un trouble respiratoire dangereux, fréquent et sous-diagnostiquéOn estime à 55 % la prévalence du SAS chez les hommes de 71 à 87 ans, un peu moins chez les femmes. Chez les porteurs de
stimulateur cardiaque, elle est de 30 à 60 %. Le SAS est plus fréquent chez l’homme et chez les personnes obèses ou diabétiques. Les conséquences sur la santé et la qualité de vie sont très importantes, surtout en cas de SAS sévère : maux de tête, somnolence pendant la journée, accidents, troubles de la concentration ou de la libido… Plus particulièrement, ce trouble de la respiration peut être à l’origine ou aggraver une
maladie cardiovasculaire comme l’hypertension artérielle, l’
accident vasculaire cérébral, les arythmies cardiaques, l’insuffisance cardiaque ou la cardiopathie coronarienne. Il est d’ailleurs admis depuis des années que le syndrome obstructif du sommeil peut être la cause de certaines arythmies cardiaques et que les patients présentant un SAS sévère non traité ont 4 à 5 plus de risque de mourir, surtout pendant le sommeil.Pour ces raisons, il est recommandé de dépister systématiquement le SAS chez les patients atteints de maladies cardiovasculaires. Pourtant, on estime que 50 à 90 % des patients souffrant de SAS ne seront jamais diagnostiqués ni traités.Les moyens diagnostiques et le traitement actuelsLes apnées du sommeil peuvent être :- D’origine obstructive par fermeture des voies aériennes supérieures lorsque la langue bascule vers l’arrière et obstrue le pharynx. Dans ces cas, le patient tend à faire des efforts respiratoires pendant son sommeil pour enlever l’obstruction.- D’origine centrale, par arrêt de la commande respiratoire et donc sans efforts respiratoires chez le patient. Moins fréquente, cette forme d’apnée du sommeil s’observe volontiers chez les insuffisants cardiaques.Actuellement, le diagnostic de SAS repose sur l’étude du sommeil nocturne :- Soit par polygraphie ventilatoire, qui enregistre la respiration, les efforts respiratoires pendant la nuit, le ronflement et l’oxygène dans le sang par un oxymètre placé sur un doigt. La polygraphie peut être réalisée à domicile.- Soit par polysomnographie, une étude plus approfondie qui inclut la structure du sommeil pendant la nuit. Cet examen est réalisé dans des centres spécialisés dans l’étude du sommeil.Les deux méthodes sont fiables mais le premier nécessite l’utilisation d’un appareillage avec des sangles, canules nasales et oxymètre, un peu compliqué à mettre en place, et pour le deuxième, les listes d’attente sont longues, ce qui contribue en partie au sous-diagnostic.Il n’existe pas de traitement médicamenteux efficace contre le SAS. Sa prise en charge nécessite des mesures hygièno-diététiques (éviter repas copieux et alcool le soir, ne pas se priver de sommeil, éviter les somnifères, réduire le poids corporel si surpoids, contrôler un diabète éventuel, éviter de dormir sur le dos…) mais le traitement de référence est la machine à pression positive continue. Cette dernière doit être utilisée pendant toute la durée du sommeil, y compris pendant les siestes. En France ce traitement est prescrit pour les personnes atteintes d’un SAS sévère (30 pauses respiratoires par heure ou plus, ou à partir de 15 pauses par heure s’il y a d’autres symptômes comme fatigue ou des comorbidités cardiaques). Le traitement par machine à pression positive continue est non seulement nécessaire mais efficace, ses bénéfices ayant été prouvés à court et long terme.Autres méthodes employés sont les orthèses pour avancer la mandibule, une alternative mécanique pour des SAS moins sévères qui peut être utilisé chez des personnes n’ayant pas un surpoids important et après avis d’un orthodontiste.Le traitement chirurgical, moins utilisé, a des indications limitées et n’est pas dénué de risques liés à la chirurgie.Un stimulateur cardiaque à double emploiCertifié CE, le nouveau stimulateur cardiaque REPLY 200 (Sorin Group) permet, chez des patients porteurs de ce pacemaker, de contrôler à la fois les troubles du rythme cardiaque et de diagnostiquer mais aussi de surveiller l’évolution d’un SAS. Le dispositif est doté, en plus des éléments nécessaires pour contrôler le rythme cardiaque au niveau de l’oreillette droite et du ventricule gauche, d’un dispositif permettant de monitorer, outre le rythme cardiaque, l’indice d’événements respiratoires perturbés (RDI), c’est-à-dire, la ventilation par minute, l’oxygénation du sang, les pauses respiratoires (apnées) et les hypopnées (diminution de l’amplitude respiratoire). Ainsi, l’appareil permet de diagnostiquer et de suivre un SAS, en particulier d’un SAS sévère. Cette surveillance télémétrique est possible à long terme, pour des périodes d’une nuit à plusieurs mois et ce pendant toute la durée de vie du pacemaker qui est de 10 à 12 ans.Efficacité prouvéeLe dispositif REPLY 200 a été testé dans une étude portant sur 36 patients candidats à l’implant d’un pacemaker. Le dispositif a permis de démontrer, dans cette population n’ayant jamais eu de diagnostic de SAS, que la prévalence était de 56 %. En outre, le diagnostic de SAS par le pacemaker s’avérait fiable comparativement à la polysomnographie. Ainsi l’appareil REPLY 200 a permis l’identification d’un SAS sévère dans 9 cas sur 10. Les auteurs de l’étude concluent que le système est un outil simple et fiable pour détecter les patients avec un SAS sévère.Une deuxième étude, avec un nombre plus important de patients est sur le point de démarrer. Mais l’appareil, ayant son homologation CE, est de facto implanté en France depuis un an environ. Selon le Pr Pascal Defaye, cardiologue-rythmologue au CHU de Grenoble, l’appareil est en effet fiable et son coût est le même que pour les autres stimulateurs cardiaques car leur prix en France est fixé de façon générique : même prix pour tous les pacemakers, soit 3 000 euros pièce.Jesus CardenasSource :Conférence de presse « Une innovation française dans le diagnostic de l’apnée du sommeil chez les patients cardiaques : REPLY 200 », organisée par HL conseil pour Sorin Group le 18 octobre 2013.