Les hommages affluent de toutes parts à commencer par le Burkina Faso, son pays natal. Les burkinabè ne tarissent pas d’éloges à l’endroit de leur compatriote de 80 ans qu’ils ont surnommé affectueusement «l’homme qui a arrêté le désert».
Yacouba Sawadogo ou le triomphe du «Zaï», titre Burkina 24. Le journal burkinabè rappelle que la technique de cet homme, raillé au départ par les membres de son village dans le Yatenga, a montré qu’il avait raison.
«Il a réussi à établir une forêt d’environ 40 hectares sur des terres jusqu’alors infertiles. Plus de 60 espèces d’arbres et d’arbustes différents y cohabitent», écrit le journal qui s’associe à la joie exprimée par l’octogénaire.
«La légitimation apportée par ce prix, j’en suis confiant, devrait inspirer d’autres personnes et les encourager à agir tant que possible pour la régénération de leur terre. Et ce au profit de la nature, des communautés locales et des générations futures», a réagi Yacouba Sawadogo en remerciant ceux qui l’ont honoré.
«Tout le monde riait de moi. Moi je me suis tu»
Il y a près de 40 ans, cet homme illettré avait été traité de fou quand il s’était mis à labourer la terre en pleine saison sèche.
«Ils ont dit que j’allais à l’encontre de la tradition. Ça m’a fait mal de l’entendre. Le chef de ma propre famille m’a désapprouvé. Tout le monde riait de moi. Moi je me suis tu», se souvient-t-il dans un reportage que lui a consacré la chaîne de télévision française France 5.
Selon le journal burkinabè Sydwaya, ce système lui est venu en tête quand il a constaté que les pratiques culturales traditionnelles ne nourrissaient plus son homme, exposé chaque année à la famine. Il avait constaté que son rendement avait triplé.
Une prouesse écologique qui fait école dans le Sahel désertique
La technique est simple: des trous remplis de fumier creusés en saison sèche avec de petites digues pour retenir l’eau des pluies le moment venu. Des grains de mils et des graines de plantes qui finiront par devenir une forêt de plusieurs dizaines d’hectares dans le Sahel Burkinabè. Mais le secret de cette méthode, ce sont les termites, explique Yacouba Sawadogo sur le site Les Observateurs de France24.
«Elles nous aident beaucoup dans la restauration du couvert végétal. Elles creusent des canalisations qui absorbent l’eau de pluie et au lieu de ruisseler, l’eau stagne. Les termites viennent aussi à la surface du sol pour chercher des feuilles à manger et tout au long de leurs trajets, elles creusent des petites tranchées permettant au sol d’imbiber davantage d’eau.»
Une prouesse écologique qui fait la fierté de Yacouba Sawadogo. Sa technique est devenue incontournable dans la région désertique du Sahel.
«La nourriture est indispensable. S’il y a assez à manger et si l’approvisionnement alimentaire est assuré, alors nous nous développons. Nous devons donc avant tout assurer la sécurité alimentaire», a confié à la Deutsche Welle, celui que ses compatriotes avaient surnommé l’idiot du village, avant de devenir le héros de tout un peuple.
Dans le reportage ci-dessous, réalisée au Burkina par une équipe de France 5, on peut voir comment ce cultivateur, honoré par le prix Nobel Alternatif 2018, a rendu fertile la terre très aride de son village de Gourga en défiant avec succès les lois de la nature.
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