Le collège national des gynécologues relance le débat sur l’autoconservation “de convenance“ des ovocytes. Il propose que cette technique soit offerte aux femmes qui décideraient d’avoir des enfants plus tard. Actuellement, les lois de bioéthique limitent un tel recours aux femmes qui doivent débuter un traitement stérilisant.
Les femmes doivent-elles pouvoir conserver leurs ovocytes en vue d'une grossesse ultérieure ?
Vers un stockage de convenance de ses ovocytes ?Il est aujourd’hui techniquement possible de proposer aux femmes de conserver leurs ovocytes pour une grossesse ultérieure. Selon la loi de bioéthique de juillet 2011, cette
technique de vitrification est aujourd’hui autorisée avant un traitement stérilisant (en cas de traitement d’un cancer par exemple)… mais pas par choix personnel. Mais dans un communiqué de presse, le collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) se prononce en faveur d’un élargissement des conditions de l’autoconservation ovocytaire.Pour justifier une telle position, le CNGOF avance plusieurs arguments. Premièrement, “L’autoconservation d’ovocytes constitue un progrès médical car elle est, avec le don d’ovocytes, la seule méthode de traitement de l’infertilité réellement efficace à 40 ans et plus. Elle permet aux couples d’utiliser leur propre capital génétique, ce qui n’est pas le cas du don d’ovocytes qui souffre d’une réelle pénurie en France nécessitant le recours, pour de nombreuses femmes, à des centres étrangers“. En France, les délais d’attente peut aller jusqu’à plusieurs années,
reconnaît l’Agence de Biomédecine.Rappelant que “l’autoconservation de convenance est possible pour les hommes“, le CNGOF juge qu’il n’y a pas de raison particulière pour que cela ne soit pas autorisé aux femmes. Et ce, d’autant plus que “l’âge de la maternité ne cesse de reculer et les femmes qui consultent pour infertilité sont, elles aussi, de plus en plus âgées“.Enfin, “il ne serait pas admissible, comme la loi le prévoit pourtant, de limiter la possibilité d’autoconservation aux seules femmes qui accepteraient de donner une partie de leurs ovocytes. Un tel chantage nous parait éthiquement inacceptable“.Cet avis suit celui émis par le
comité d’éthique de la Société européenne de reproduction humaine et d’embryologie (ESHRE) publié en mars 2012.Le CNGOF rappelle les risques liés aux grossesses tardivesPour autant, le CNGOF reconnaît qu’une telle pratique pourrait encourager des grossesses tardives, grossesses dont les risques sont réels pour la mère et l’enfant dès 40 ans. Enfin, cette technique ne doit pas donner de faux espoirs aux femmes. Comme le rappelle le CNGOF : “Une récente étude étrangère souligne que, dans le meilleur des cas, le taux de naissances est de 62 %. Le déclin du taux de succès de l’AMP s’amorce dès 35 ans et s’accentue à partir de 37 ans. Il faudrait donc réaliser la conservation avant 35 ans pour un maximum d’efficacité. L’âge limite à partir duquel l’autoconservation rendrait illusoire les chances de grossesse doit cependant encore être déterminé par un groupe de travail“.Qui doit financer cette autoconservation des ovocytes ?… Jusqu’à quel âge une femme peut-elle recourir à cette technique ? Un groupe de travail du CNGOF entend prochainement répondre à la dernière question. “En effet, il ne serait pas raisonnable de ne pas fixer de limite en raison de l’augmentation importante des risques gravidiques liés à l’augmentation de l’âge maternel“.Le CNGOF se déclare donc favorable à l’autoconservation des ovocytes de convenance (déjà autorisée dans de nombreux pays) tout en insistant sur la nécessité d’informer les femmes de la chute de la fertilité avec l’âge, des risques liés aux grossesses tardives et des réelles chances de réussite de la technique d’autoconservation. Et vous seriez-vous prête à conserver vos ovocytes pour une grossesse ultérieure ?
Venez vous exprimer sur nos forums.David BêmeSource : Communiqué de presse du CNGOF – 12 décembre 2012