Toronto, le 16 août 2006 – Cette année, la nécessité de développer de nouvelles stratégies de prévention est apparue évidente. Au-delà du préservatif, les chercheurs travaillent à la mise au point d’un vaccin mais aussi de microbicides, de traitements et de stratégies permettant de réduire le risque d’infection.
Malgré les améliorations de l’accès aux soins dans les pays du Sud, on compte chaque année 4 millions de nouvelles infections par an. Pour enrayer cette progression de l’épidémie, de nouvelles stratégies de prévention apparaissent.Des microbicides prometteurs

Lors de rapports sexuels, toutes les femmes n’ont pas la possibilité de négocier l’usage du préservatif. Pour elles, l’espoir peut résider dans la mise au point de microbicides : des produits vaginaux conçus pour réduire les risques de transmission du virus du VIH lors des rapports sexuels. « Ils pourraient prendre la forme d’un gel, d’une crème, d’un film, d’un suppositoire ou d’une éponge mais pourrait également être intégrés à un anneau vaginal diffusant progressivement le composant actif » précise le Dr Gita Ramjee directrice du groupe de recherche sur la prévention du sida en Afrique du sud. Actuellement, 16 produits sont évalués. Cinq essais cliniques de microbicides de première génération (qui forment une barrière physique contre le VIH ou qui altèrent la chimie du vagin afin de réduire le risque d’infection) sont en phase finale de test, les résultats sont attendus pour 2008. Parallèlement, plusieurs microbicides de deuxième génération (des produits à action spécifiques contre le VIH, qui utilisent notamment des antirétroviraux) sont dans des stades préliminaires de recherche. Plusieurs laboratoires ont présenté des études sur ce sujet : le TMC120 de Tibotec1,2, le UC781 de Biosynthex3 ou le Tenofovir de Gilead.
Interrogé sur le sujet, le Pr. Delfraissy, président de l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) a souligné qu’il s’agissait là d’une recherche très difficile tant sur le plan méthodologique que de la recherche fondamentale, et qu’à ce jour aucun essai clinique contrôlé n’a pu mettre en évidence l’effet positif d’un tel produit. Mais ce congrès a souligné un énorme regain d’intérêt pour cette piste de recherche.
La circoncision confirme un effet protecteur
En Afrique comme en Asie, les pays où la proportion des hommes circoncis est inférieure à 20 % sont ceux qui ont la plus forte prévalence d’infection à VIH. Mais au-delà de ces observations, de nouvelles études suivant des hommes circoncis ou non ont montré un effet protecteur de la circoncision allant jusqu’à 60 %4,5. D’où viendrait cet effet protecteur ? De la nature de la face interne du prépuce : une muqueuse fragile et perméable constituée de nombreuses cellules dendritiques, des cellules immunitaires très sensibles au VIH. La circoncision permettrait donc de réduire considérablement la surface perméable au virus, et même la peau restante finirait par se kératiniser et devenir plus imperméable.
Plusieurs études présentées lors de ce congrès ont confirmé l’effet protecteur de la circoncision. Et d’autres ont évalué le bénéfice que pourraient apporter des campagnes de circoncision massive dans certaines régions. En complément d’une étude publiée en juillet 20066, l’équipe travaillant avec Bertran Auvert a pu démontrer qu’une telle opération en Afrique sub-saharienne serait rentable tant sur le plan humain que sur le plan économique en réduisant les coûts de traitements liés aux infections évitées7. Plusieurs autres recherches se sont intéressées à la possible mise en place de tels programmes : formation des professionnels de santé, implications religieuses, conseils de prévention… N’offrant qu’une protection partielle aux hommes contre l’infection VIH, la circoncision n’en offre pas aux partenaires. Il sera donc essentiel que la circoncision fasse partie d’un ensemble complet de mesures de prévention.
La Prep : toujours en attente de preuves
L’utilisation de médicaments contre le VIH pour limiter le risque d’infection s’appelle la prophylaxie pré-exposition, abrégée comme PREP. Cette stratégie pourrait aider à réduire le nombre de nouvelles infections dans les groupes très à risque dans un premier temps. Les médicaments testés sont le tenofovir (Viread®) et une association de tenofovir et d’emtricitabine (Truvada®). Ils seraient potentiellement de bons candidats à cause de leur puissance, de leur faible induction de résistance et de leur persistance dans l’organisme. Les études sur les animaux ont produit des résultats encourageants, mais pour le moment le passage à l’homme reste difficile tant d’un point de vue éthique (les premiers essais présentés lors du Congrès de Bangkok avaient suscité un tollé, un des groupes de femmes étudiées recevait un placebo) que scientifique. Les résultats des cinq essais en cours sont attendus d’ici 2008. La seule étude sur le sujet présentée lors du congrès 2006 ne permet pas de mettre en évidence une protection8…
Le vaccin entre espoir et cauchemar
Le Dr Françoise Barré-Sinoussi (France) de l’Institut Pasteur a souligné la nécessité d’accélérer la recherche d’un vaccin contre le VIH. En dépit d’efforts très importants, avec plus de 30 candidats testés au cours de 85 essais, le Pr. Barré-Sinoussi a affirmé que nous ignorons toujours si oui ou non un tel vaccin est réalisable. Mais de récents progrès en immunologie fondamentale permettent de susciter de nouveaux espoirs.
La recherche d’un vaccin thérapeutique destinée personnes déjà infectées par le VIH constitue également une piste intéressante9.
Combattre l’herpès pour réduire le risque d’infection
L’infection par le virus de l’herpès double le risque d’être infecté par le VIH. Plusieurs essais sont ainsi en cours pour savoir si un traitement permettant de lutter contre l’herpès réduit le risque d’être infecté. Les résultats des deux principaux essais seront connus d’ici 2008 mais déjà plusieurs études tendent à le prouver10.
« Dans le sud, lorsque l’on traite un patient, dix nouveaux sont contaminés » déclarait Melinda Gates lors de la cession d’ouverture du congrès mondial 2006. C’est ce chiffre qui prouve à quel point la lutte contre le sida se fera grâce à un meilleur accès aux soins mais également un plus grand effort de prévention.
David Bême
1 – THPE0018 – The sulfonated topical microbicide PRO2000 inhibits dendritic cell-mediated HIV transmission to susceptible target cells – Abstract book – Aids 2006
2 – THPE0019 – The candidate polyanionic microbicide, PRO 2000, inhibits entry mediated by diverse HIV-1 envelopes – Abstract book – Aids 2006
3 – THPE0017 – Broad-spectrum anti-HIV microbicide activity of the non-nucleoside reverse transcriptase inhibitor UC781 – Abstract book – Aids 2006
4 – TUAC0202 – Male circumcision and HIV infection risk among tea plantation residents in Kericho, Kenya: incidence results after 1.5 years of follow-up – Abstract book – Aids 2006
5 – TUPE0400 – Male circumcision, religion, and infectious diseases: an ecologic analysis of 118 developing countries – Abstract book – Aids 2006
6 – PLoS Med. 2006 Jul 11 ;3(7)
7 – TUAC0204 – Cost-effectiveness of male circumcision in sub-Saharan Africa
8 – THLB0103 – Findings from a double-blind, randomized, placebo-controlled trial of tenofovir disoproxil fumarate (TDF) for prevention of HIV infection in women – Abstract book – Aids 2006
9 – Dynamics of HIV/Aids Vaccine Research : from Dream to nightmare to reality and hope – Françoise Barre-Sinoussi – session 15 août 2006 – Aids 2006
10 – Microbicides and other technologies – Gita Ramjee – session 15 août 2006 – Aids 2006Click Here: cheap INTERNATIONAL jersey