Une grande et belle dame nous a quittés” : derrière ces mots, que d’autres que lui auraient pu manier pour saluer Marie Laforêt, morte le 2 novembre 2019 en Suisse moins d’un mois après son 80e anniversaire, ce sont maints “merveilleux souvenirs” qui sont remontés à l’esprit de Jean-Paul Belmondo.

Mieux que quiconque, le Magnifique connaissait les talents d’actrice de Marie Laforêt, dont il avait pu apprécier la présence fabuleusement magnétique à ses côtés à plusieurs reprises face aux caméras : celle d’Edouard Molinaro pour La Chasse à l’homme (1964), film dans lequel elle joue la fiancée de Jean-Claude Brialy, puis quinze ans plus tard, celle de Georges Lautner pour Flic ou voyou (1979), où le commissaire Borowitz campé bar Bebel succombe aux charmes de la romancière qu’elle incarne, avant de se trouver réunis à nouveau en 1984 par Henri Verneuil dans Les Morfalous, toujours avec des dialogues qui font mouche signés Michel Audiard. La même année, Lautner les remettra ensemble à l’affiche une troisième fois dans Joyeuses Pâques, couple secoué par l’infidélité de monsieur, avec une toute jeune Sophie Marceau – quatre ans après La Boum – en guise d’objet du délit.

Dans “une autre dimension”

Le départ de Marie Laforêt me cause une grande peine“, a réagi Jean-Paul Belmondo, 86 ans, dans un communiqué transmis lundi 4 novembre à l’AFP. Trente-cinq années après leur dernière collaboration, l’acteur en garde une impression encore très intense : “Les tournages avec elle prenaient une autre dimension, décrit-il. Son esprit pétillant nous faisait vivre au second, voire au troisième degré. Que de merveilleux souvenirs ! Elle aurait dû faire au cinéma une carrière plus belle encore.

Elle aurait pu en effet, si elle n’avait pas choisi de tantôt privilégier sa carrière de chanteuse, tantôt se mettre en retrait, mais, de ses débuts en 1960 dans Plein soleil de René Clément à sa dernière apparition au grand écran en 2008 chez Claire Simon dans Les Bureaux de Dieu, Marie Laforêt s’est bâti une filmographie de pas moins de 35 références où figurent les noms de réalisateurs qui ont marqué leur temps et des acteurs incontournables de leur époque.

Attirée très tôt par le monde du théâtre et bien lancée par sa victoire lors d’un concours de la station Europe 1, Marie Laforêt, après avoir commencé à prendre des cours d’art dramatique, n’avait pas tardé à décrocher son premier rôle : en 1960, elle crevait ainsi l’écran de manière éclatante dans Plein soleil, sublime et troublante au côté de Maurice Ronet face à Alain Delon. Alain Delon qui, ironie du sort, séjournait au printemps 2019, en convalescence après un AVC, dans la clinique de Genolier où elle s’est éteinte ce 2 novembre… Quelques mois après cette entrée en scène plutôt remarquable, Marie Laforêt était devenue La Fille aux yeux d’or pour le réalisateur Jean-Gabriel Albicocco – lequel allait, lui, devenir brièvement son premier mari à la ville.

Marie aux yeux d’or

Désormais connue et reconnue, elle tournera ensuite, outre pour Molinaro, Lautner (qui la refera tourner en 1990 dans Présumé dangereux, avec Robert Mitchum) et Verneuil, pour Michel Boisrond (Les Amours célèbres, Cherchez l’idole, Le Petit Poucet), Michel Deville (A cause, à cause d’une femme), Pierre Grimblat (Cent briques et des tuiles), ou encore Claude Chabrol, qui lui offre le rôle principal de Marie-Chantal contre Dr Kha (1965) face à Roger Hanin et Serge Reggiani. Des années où, en parallèle, elle s’impose aussi comme chanteuse : Les Vendanges de l’amour, Frantz (en duo avec Guy Béart), Viens sur la montagne, La Tendresse, La Bague au doigt, Marie douceur Marie colère, La Voix du silence, Mon amour mon ami.

Partie en 1978, juste après le succès de la chanson Il a neigé sur Yesterday, s’installer en Suisse et se consacrer à sa passion pour l’art éveillée par Pierre Cornette de St Cyr, Marie Laforêt ne reste pas à l’écart du septième art pour autant : outre Flic ou voyou en 1979 et Les Morfalous et Joyeuses Pâques en 1984 (ainsi que, entre-temps, l’inestimable comédie Les diplômés du dernier rang de Christian Gion), elle joue chez Jean-Pierre Mocky (Le Pactole), Michel Drach (Il est génial papy !), Alexandre Arcady (Dis-moi oui), Gérard Mordillat (Fucking Fernand, qui lui vaut d’être nommée aux César)…

Une vocation pour le cinéma qui semble s’être transmise dans les gènes : sa fille Lisa Azuelos, fruit de ses amours éphémères dans les années 1960 avec l’hommes d’affaires Judas Azuelos, est devenue réalisatrice à succès (LOL, Dalida).

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