LONG FORMAT – Séducteur invétéré, Valéry Giscard d’Estaing, qui s’est éteint le 2 décembre 2020 à l’âge de 94 ans, avait écopé du surnom de Valéry Folamour. Un sobriquet qui en dit long sur le goût de l’ancien président pour la gent féminine. Un goût immodéré qui causera au “Kennedy français” bien des déboires.

Sommaire

  1. Giscard et le syndrome Kennedy
  2. Anne-Aymone, l’épouse dévouée et sacrificielle
  3. Marie Laforêt, Marlène Jobert, Diana… ces maîtresses cachées ou fantasmées
  4. La mort de sa fille Jacinte, sa plus profonde blessure
  5. Le crépuscule mouvementé d’un Don Juan

Mercredi 2 décembre 2020, Valéry Giscard d’Estaing s’en est allé. Cet “immense serviteur de l’Etat”, à qui Emmanuel Macron rendra un hommage télévisé à 20 heures, est décédé des suites du Covid-19 a fait savoir sa famille, précisant qu’il était parti “entouré” des siens dans sa propriété du Loir-et-Cher. Alors que les hommages se multiplient, nombreux sont ceux qui évoquent, non sans une pointe de nostalgie, les grandes années VGE.

Une période marquée par les succès politiques, mais également par les conquêtes du président. Il faut dire que les femmes, Valéry Giscard d’Estaing les a aimées un peu, beaucoup, passionnément… à la folie. Celui que l’on surnommait Valéry Folamour ne s’en est d’ailleurs jamais caché. Séducteur invétéré, l’ancien président, qui se rêvait en Kennedy français, a cherché, en vain, sa Marylin. Une réputation de Don Juan dont a profondément souffert son épouse, Anne-Aymone, qui restera pourtant envers et contre tout aux côtés de l’homme qui a fait d’elle une première dame, une Jackie Kennedy tricolore.

Ensemble, ils traverseront les tempêtes, des ouragans de beauté nommés Marie Laforêt, Marlène Jobert ou encore, Diana, mais également les drames de la vie, et notamment la perte de leur fille, Jacinthe. Épouse dévouée, Anne-Aymone s’efforcera de faire bonne figure, laissant à son époux carte blanche. Une liberté des mœurs dans laquelle finira par se perdre Valéry Giscard d’Estaing dont l’image de tombeur sera finalement entachée par le scandale.

ANGELI-RINDOFF / BESTIMAGE

1Giscard et le syndrome KennedyANGELI-RINDOFF / BESTIMAGE

Le 19 mai 1974, Valéry Giscard d’Estaing est élu président de la République. Tout chez le chef d’État de 48 ans – le plus jeune de la Vème République – rappelle alors John Kennedy. Très admiratif de son homologue américain, l’ancien ministre de l’Économie s’en inspirera d’ailleurs largement pour sa campagne qu’il souhaite résolument moderne. Il enverra même des membres de son équipe étudier le marketing politique aux Etats-Unis, s’entourant d’une équipe de campagne, et ayant recours, chose inédite à l’époque, aux sondages.

Mais c’est avant tout grâce à la com’ que Valéry Giscard d’Estaing espère séduire les Français. Convaincu de l’importance de la télévision en politique, le “Kennedy à la française” multiplie les interventions et n’hésite pas à mettre en scène sa vie privée, invitant même les photographes à le suivre en vacances. Au ski, au bord de la piscine ou en pleine partie de pétanque, VGE, qui se veut l’incarnation même de la modernité, use de ses proches pour conquérir le coeur des Français.

Légende photo : Valéry Giscard d’Estaing avec sa femme Anne-Aymone, dont la tenue n’est pas sans rappeler le style emblématique de Jackie Kennedy, assistant, détendu, au prix de l’Arc de Triomphe à Longchamp en 1977.

BESTIMAGE

2Anne-Aymone, l’épouse dévouée et sacrificielleBESTIMAGE

Jusqu’à son dernier souffle, Anne-Aymone sera restée aux côtés de son époux. Lorsque Valéry Giscard d’Estaing fait sa rencontre, il a déjà 26 ans. Elle en a 18. Sa réputation le précède mais Anne-Aymone, comme hypnotisée, n’a que faire des on-dit. Le 23 décembre 1952, elle lie son destin à celui du futur président de la République, sans se douter que ce dernier, prisonnier de son désir, ne renoncera jamais à sa vie de jeune homme. En privé, les relations du jeune couple sont d’ailleurs glaciales. Adeptes du vouvoiement même après la naissance de leurs quatre enfants, ils ne partagent ni le même lit ni la même chambre.

Giscard d’Estaing manifestait toujours en public une grande sollicitude envers son épouse. ‘Quand je parle de dignité et de qualité, c’est à vous, madame, que je pense’, lui avait-il ainsi publiquement lancé, d’où le surnom de ‘Madame DG’ (‘Dignité-Qualité’) dont on l’avait affublée”, relatait Jean Garrigues dans Une histoire érotique de l’Elysée : de la Pompadour aux paparazzi. Dévouée, Anne-Aymone marchera dans les pas de Jackie Kennedy, se prêtant volontiers au jeu de l’interview, exercice qu’elle exècre pourtant. Par amour, elle fermera même les yeux sur ses absences, et ce, bien que “cela n’a pas toujours été simple“, reconnaît sa fille Valérie-Anne.

Légende photo : par amour pour Valéry Giscard d’Estaing, son épouse, Anne-Aymone, bien que très discrète, acceptera de mettre leur vie de famille en scène comme ce jour de juin 1987 où le couple avait convié les photographes à leur château de La Varvasse, à Chanonat.

BESTIMAGE

3Marie Laforêt, Marlène Jobert, Diana… ces maîtresses cachées ou fantasméesBESTIMAGE

“Ce grand séducteur aura toute sa vie un faible pour les actrices, écrit George Valance dans son livre VGE : Une vie. Pour les actrices, comme pour les princesses et autres duchesses. Et pour les journalistes.” Véritable Don Juan, Valéry Giscard d’Estaing, qui comme Jacques Chirac disposait d’une garçonnière pour accueillir ses amours secrètes, a “eu très tôt l’obsession psychotique de séduire”, révèle par ailleurs l’auteur.

Valéry Folamour multipliera toute sa vie durant les conquêtes, au grand dam de son épouse. Or, si certaines de ces aventures sont avérées, on pense bien évidemment à la chanteuse Marie Laforêt, d’autres, à l’image de Marlène Jobert, tiennent d’avantage du fantasme. Quant à Lady Di, que le politique avait rencontrée en 1994 au château de Versailles, le président déchu a longtemps laissé plané le doute sur la question d’une éventuelle romance. En 2009, il publie La Princesse et le Président, dans lequel est mis en lumière une histoire d’amour entre une certaine “Princesse des Pauvres” et un célèbre homme d’État. Les médias s’emballent. VGE exulte. Mais un an après la parution de l’ouvrage, il reconnaît dans les colonnes du Point avoir “inventé les faits“. Quelques semaines plus tard, il admet cependant que le personnage de Lady Patricia n’est pas étranger à la regrettée princesse. “C’est un roman dont la princesse Diana est le personnage principal. J’ai essayé de la faire revivre, telle qu’elle apparaissait quand on la rencontrait… Mais n’exagérons rien. Je l’ai connue un peu, dans un climat de relation confiante”.

Légende photo : Valéry Giscard d’Estaing, véritable Don Juan, a toujours entretenu le mystère sur la nature de ses rapports avec la princesse Diana, rencontrée en 1994.

OLIVIER BORDE / BESTIMAGE

4La mort de sa fille Jacinte, sa plus profonde blessureOLIVIER BORDE / BESTIMAGE

Elle était son talon d’Achille. Devant sa cadette, le séducteur baissait les armes. La disparition de Jacinte, dont le prénom, comme celui de sa soeur et de sa mère est inspiré par une fleur, a été le drame de sa vie. Car si Jacinte apparaissait sur son affiche de campagne en 1974, c’est avant tout parce que Valéry Giscard d’Estaing était fasciné par sa fille, en qui il se retrouvait.

Cavalière émérite, elle avait créé à l’âge de 27 ans le Paris Horse Show puis le Poneyland en 1990. Vétérinaire de profession, Jacinte Giscard d’Estaing est décédée en janvier 2018 des suites d’une longue maladie. Une perte insurmontable pour son père qui, dans ses dernières volontés, a émis le souhait d’être enterré à ses côtés, à Authon, dans le Loir-et-Cher.

Légende photo : Valéry Giscard d’Estaing aux côtés de sa fille cadette, Jacinte, en 1997.

Click Here: Sergio Ramos Jersey Sale

BERTRAND RINDOFF PETROFF / BESTIMAGE

5Le crépuscule mouvementé d’un Don JuanBERTRAND RINDOFF PETROFF / BESTIMAGE

Volage, Valéry Giscard d’Estaing le sera resté jusqu’à la fin. Mais les grandes heures de l’ancien président n’étaient déjà plus que de lointains souvenirs. En mai 2020, Ann-Kathrin Stracke dépose plainte à son encontre. La journaliste allemande, âgée de 37 ans, accuse le politique d’avoir posé ses mains à trois reprises sur ses fesses après une interview en décembre 2018. À l’ère de #MeToo, “Valéry Folamour” ne fait plus rire. Pire encore, sa réputation joue contre lui. La presse se déchaîne.

Acculé, VGE tentera de se défendre, assurant n’avoir “aucun souvenir de cette rencontre“. D’après Olivier Revol, son directeur de cabinet, “si ce qui lui est reproché était vrai, il en serait bien sûr navré.” Mais celui qui autrefois se vantait de ses conquêtes, allant même jusqu’à donné des descriptions très crues dans ses mémoires, ne se “souvient de rien“. Provocateur, il ira jusqu’à répondre à son accusatrice, déclarant au micro de RTL que “le grotesque ne le blesse pas“…

Légende photo : Valéry Giscard d’Estaing, infatigable séducteur, aux côtés de Bernadette Chirac en 2005.

Crédits photos : Bestimage / Direction artistique GALA