Le Festival du film francophone d’Angoulême 2016 proposait hier soir pour son ouverture le film événement L’Odyssée, sur la vie du célèbre commandant Cousteau. Entretien avec son réalisateur, Jérôme Salle, sur l’aventure unique de ce long métrage.
A quelques minutes de la toute première projection publique de L’Odysséeà Angoulême, première étape d’une tournée qui emmènera l’équipe notamment dans les lieux emblématiques, comme Marseille ou Saint-André de Cubzac, le lieu de naissance de Cousteau, le réalisateur Jérôme Salle s’est entretenu avec AlloCiné.
AlloCiné : L’Odyssée n’est pas une hagiographie de Cousteau. C’est un portrait qui montre aussi les parts d’ombre du personnage. On peut imaginer que de trouver le juste équilibre pour dépeindre cette personnalité a dû être comme une obsession…
Jérôme Salle, réalisateur et scénariste de L’Odyssée : Oui, c’est un exercice extrêmement difficile. Vous travaillez une matière humaine, une réalité. Sa famille est toujours là. Vous ne pouvez pas trahir une forme de réalité. Vous devez raconter une histoire, et en même temps, vous avez besoin d’avoir une sorte de parti pris d’auteur, qui est votre point de vue sur un personnage, le portrait que vous pouvez dessiner d’un homme. Et le portrait d’un homme, ça ne peut pas être une hagiographie… D’abord parce qu’on s’emmerde. Et puis parce que c’est faux. Tout homme a ses zones d’ombre. Très souvent les défauts sont à la hauteur des qualités. Cousteau avait des qualités immenses. Il a eu une vie absolument exceptionnelle, mais il avait des défauts qui étaient à la hauteur de ses qualités.
Quand on voit la richesse du sujet qu’est la vie de Cousteau, on ne peut s’empêcher de penser : comment se fait-il qu’un film sur Cousteau n’ait pas eu lieu avant… Savez-vous si un projet avait été tenté par le passé ?
Non, je crois que je suis le seul dingue à m’être lancé là-dedans ! Pourquoi n’y en a-t-il pas eu avant ? Mais parce que c’est très difficile. Mais c’est amusant ce que vous dites parce que quand j’y ai pensé au début tout le monde m’a dit, ‘c’est une formidable idée, mais c’est marrant, pourquoi personne n’y a pensé’. Après, j’ai compris ! Quand j’ai mis des années à me battre pour que le film existe… Parce que le film a été très compliqué à faire exister. Parce qu’il fallait courir après l’argent. Parce que c’était un tournage assez risqué. On tournait sur des bateaux, on tournait sous l’eau… C’était d’une grande complexité. Faire exister ce film a été une grande bataille.
Lambert Wilson, le réalisateur @Jerome_Salle & les producteurs de #LODYSSEE présentent le film d’ouverture #FFA2016 pic.twitter.com/6XGpjqiMcD
— AlloCiné (@allocine) August 23, 2016
Tout le monde vous fera le jeu de mot au cours de cette tournée sans doute… Le tournage a été une odyssée…
Non, mais je le fais moi-même ! C’est très vrai. J’ai l’impression d’avoir vécu une odyssée effectivement. C’est comme si 40 ans après, on avait revécu ce qu’avait vécu Cousteau et son équipage d’une certaine manière, y compris dans le rapport compliqué avec l’argent. Et dans l’aventure, on a vécu une tempête exactement au même endroit qu’il l’avait traversé 40 ans plus tôt. Donc oui il y a un vrai parallèle dans notre aventure de tournage parce qu’eux aussi tournaient des films, et ils ont eu bien avant nous les mêmes problèmes : comment tourner sous l’eau ? Les animaux qui ne sont pas là au moment où vous voudriez qu’ils soient là… Les bateaux qui ne marchent pas…
Vous auriez pu avoir recours au fond vert (qui permet d’incruster des images de synthèse, Ndlr.) mais on sent que vous avez voulu vous donner les moyens…
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Ce n’est pas un truc de moyens car ça aurait pu couter encore plus cher sur fond vert. Mais c’est un film sur la nature, sur le rapport de l’homme avec son environnement. Donc ça me paraissait impossible de faire ce film sur fond vert. J’avais envie qu’il y ait quelque chose d’organique qui se dégage du film. C’est pour ça d’ailleurs aussi que nous sommes allés en Antarctique pour finir dans le vrai lieu et ne pas tricher. Je voulais garder une forme de vérité et je pense que c’est quelque chose qui se sent dans le film, et qui est inspirant pour les acteurs. Et puis les films sur fond vert m’emmerdent de plus en plus, en tant que réalisateur et en tant que spectateur.
Est-ce que dès le départ du projet, vous aviez pour idée de vous intéresser de la sorte à la famille de Cousteau ? Il y a par exemple le parti de s’intéresser à ses fils qu’on ne connaît pas forcément, etc.
J’ai mis très longtemps à écrire le scénario, mais l’angle familial m’est apparu comme une évidence. Et encore plus le rapport père-fils, entre Cousteau et son fils Philippe.
La bande-annonce de L’Odyssée de Jérôme Salle, à l’affiche le 12 octobre 2016 et présenté hier soir en avant-première à Angoulême :
L'Odyssée Bande-annonce VF
Propos recueillis le 23 août 2016 au Festival du film francophone d’Angoulême