Jean-Paul Enthoven, écrivain et éditeur, et son fils, Raphaël, philosophe, père du fils ainé de Carla Bruni-Sarkozy, sont les co-auteurs d’un Dictionnaire amoureux de Marcel Proust (chez Plon/Grasset). Ils accordent à Gala un entretien autour de leur vision de l’amour. Passionnant et révélateur.

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Gala : Lire Proust, c’est pouvoir s’en servir ?

J.-P.E.: Vous savez, je ne crois pas que la littérature soit faite pour «servir». Mais il est vrai que, très tôt, j’ai reçu de cette œuvre de magnifiques leçons d’enthousiasme, de lucidité, d’intelligence et même de pessimisme. Françoise Sagan, grande proustienne, prescrivait trois doses de Proust, matin, midi et soir à tous ses amis qui avaient des chagrins d’amour… (…)

Gala: Il donne cependant une vision très pessimiste de l’amour. La partagez-vous ?

J.-P.E.: Oui, hélas, et par expérience… L’amour, malgré ses embellissements romantiques c’est sans cesse la guerre des sexes(…). Cela dit, la déception, c’est très intéressant dans la vie, je crois même que (…) cela rend plus fort, plus libre…

R.E.: Pour ma part, je ne vois pas les choses comme ça. (…) Aimer n’est pas une satisfaction, mais une force douloureuse qui s’entretient à mesure qu’elle s’éprouve. Cela dit, son analyse de la jalousie, comme source du sentiment amoureux, est absolument géniale.

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Gala: Dans la «Recherche», les couples ne dialoguent jamais vraiment, se mentent constamment. Le comprenez-vous?

J.-P.E.: (…) Une société où chacun, dans un couple, dirait toute la vérité à son partenaire serait un enfer. (…) A titre personnel, je ne suis pas un adepte du naturisme amoureux.

R.E.: L’amoureux idéal, ce serait sans doute un homme qui passerait cinquante ans auprès de la même femme sans jamais rien en savoir. Il n’y a pas de vérité dans un couple. Même quand les gens prétendent tout se dire, ils se mentent. En vérité, bien des malentendus sont accrus par la volonté de tout se dire.

Gala: Pourriez-vous aimer, l’un et l’autre, une femme qui n’aurait pas lu Proust ou ferait des fautes de Français?

J.P.E.: Evidemment! Ava Gardner n’avait certainement pas lu Proust je suppose, pas davantage que Zelda Fitzgerald ou Françoise Dorléac, et je me serais pourtant empressé de les adorer. (…)

R.E.: Je ne comprends pas votre question, mais je vous aime quand même!

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