Oh, scandale! La première dame des Etats-Unis a osé partir en randonnée, sous un soleil de plomb, vêtue d’un short et de baskets… Vous ne voyez pas où est le mal? Nous, non plus. Pourtant, outre-Atlantique, cette peau exposée suscite la polémique. Explications.
Les médias sont aux abois, l’Amérique est en émoi: Michelle Obama est sortie d’Air Force One les jambes à l’air! Certes la dame de Washington n’était pas en représentation officielle. L’épouse de Barack Obama avait exceptionnellement troqué ses robes de couturiers contre un bermuda en toile et des chaussures de trekking, en vue d’une excursion familiale dans le Grand Canyon. Du «sportswear» pour un week-end, rien de choquant, finalement…
Et pourtant! Le look de Michelle en vacances crée le buzz et se retrouve en tête des recherches sur Google.
La torpeur estivale et l’absence d’actualité croustillante ont encouragé la presse américaine à se focaliser sur cette chair offerte. Et les rédacteurs ont mordu d’autant plus durement la cuisse de Madame, que Monsieur est aux prises avec la pire récession depuis les années 30.
«Il n’y a aucun doute: Madame Obama a des jambes superbes, mais pensez-vous qu’il soit approprié qu’elle les montre autant?», interroge le Huffington Post dans un sondage proposé aux internautes. (Plus de 80 % des votants trouvent d’ailleurs la tenue convenable…).
Le L.A. Times affirme que «certaines personnes sont choquées»… Sans autre preuve qu’un lien vers le papier de l’Examiner. Ce dernier, justement, ironise sur les «photos scandaleuses » et le contraste entre la mise de dandy de Barack Obama, pantalon et polo, et celle de sa femme, qui affiche le même accoutrement juvénile que ses bambines, Malia, 11 ans et Sasha, 8 ans. Avant de retourner sa veste et de proclamer Michelle magnifique, tout en regrettant que «certains membres de la presse et du public» soient chagrinés. ?Selon l’imprécis Today Show, «certains» auraient qualifié «d’inapproprié» ces vêtements. Tout aussi vague, le journaliste mode du Washington Post, Robin Gihven, déclare les spécialistes «partagés» quant aux gambettes nues pour une randonnée au mois d’août en Arizona. Pas la peine d’en faire tout un foin, pondère Merle Ginsberg, la rédactrice en chef du site fashionrules.com, «elle n’est même pas sexy!».?«Si elle défraye la chronique, c’est peut-être une séquelle encore ouverte de lorsqu’elle avait montré ses bras en public» questionne le Chicago Tribune.
Vous l’aurez compris, les journaux, toutes obédiences confondues, sont bien embêtés pour démontrer le caractère sans gêne du panta(trop)court de la maîtresse de la Maison-Blanche. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. ?
La crise, le chômage, et une réforme laborieuse du système de santé ont entaché la popularité du messie des Etats-Unis. Il n’est plus temps de stigmatiser le Président, de révéler ses vices cachés ou de moquer ses petites manies. Non, c’est le moment pour le quatrième pouvoir de s’acharner sur sa tendre moitié. Louangée pour ses choix vestimentaires osés, notre athlète aux bras nus a parfois été sévèrement critiquée pour ses camaïeux criards et ses emmanchures échancrées. Mais jamais à ce point raillée.
L’hiver dernier devant le congrès, Michelle Obama était la première First Lady depuis la pionnière Jackie Kennedy à exhiber ses épaules rondes dans les tribunes officielles du Capitole. La «fashion police» déclenchait les sirènes: «Le mauvais style au mauvais moment. Nous sommes en février! Se promener sans manches relève de la frime» résumait la journaliste Lauren Beckham Falcone, acerbe éditorialiste du Boston Herald.
Alors que sur le plateau du Colorado, la température frôle les 45°, on ne peut taxer l’habillage léger de Mrs «O» de fashion faux-pas. Loin de ses fonctions d’apparat, la Belle est libre de ne pas s’endimancher. Pourtant, l’affront à la Nation a fait l’ouverture des journaux télévisés et les Conservateurs ont sauté sur l’occasion pour s’indigner.
Voilà ce qui semble déranger: la gironde Michelle n’est ni un top-model, ni une actrice de charme. Pas même une sportive professionnelle… Sa décontraction, son style informel révèle une femme décomplexée, bien dans son corps, affirmée.
Mrs Obama se regarde dans le miroir d’une Amérique dynamique et pleine d’espoir qui spécule sur son pouvoir, son influence, son image novatrice.
C’est en fait son physique qui fascine
Sous ce short, le pays découvre des hanches, des fesses, des genoux, des mollets musclés et galbés. Ceux d’une grande (1,82m) et belle femme noire, à la silhouette imposante, aux courbes fermes, sereines et assumée.
Chacun s’offusque et se cache derrière le paravent de l’investigation journalistique. Mais comme le souligne Kate Dailey dans Newsweek, la couverture médiatique légitime le fait que les Américains «matent» la première d’entre eux, 45 ans et deux enfants au compteur.
Sous couvert de débat public, les citoyens reluquent cette carnation ébène, d’un brun chaleureux aux nuances de bois précieux…
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De son côté, la gazelle doit jubiler. Au même titre que son putsch capillaire (un «bob lissé» un peu «matrone censé montrer que l’épouse du chef de l’exécutif est une femme de tête et de poigne), ce micro-short est porteur d’un message. Non, Michelle Obama n’est pas une potiche, une starlette anorexique, une sylphide pour papier glacé. Mais c’est bien elle qui porte le culotte!
Le short de Michelle
Justine Boivin
Vendredi 21 août 2009