Selon des chercheurs allemands, les lave-linges, en particulier lorsque le mode économique est activé, pourraient contribuer à la dissémination de bactéries potentiellement dangereuses pour la santé, à cause d’une température de lavage trop basse pour les éliminer.
Sommaire
- La prolifération des bactéries favorisée par des lavages à basse température
- Un risque pour les personnes fragiles
La
machine à laver, un appareil électroménager dangereux pour la santé ? Si elle permet de nettoyer nos vêtements, une étude allemande publiée le 27 septembre 2019 dans la revue Applied and Environmental Microbiology a montré qu’elle faciliterait également la propagation d’un type de bactérie pouvant s’avérer néfaste pour certaines populations.La prolifération des bactéries favorisée par des lavages à basse températureDes analyses effectuées dans un hôpital allemand ont montré qu’entre avril 2012 et mai 2013, 13 nouveau-nés en unité de soins intensifs néonatals et un enfant du service de pédiatrie ont été testés positifs à Klebsiella oxytoca, une
bactérie résistante aux antibiotiques pouvant être responsable d’
infections nosocomiales (
pneumonies,
infections urinaires,
septicémies, etc.). Alors que les couveuses ou encore le personnel de l’établissement ont été soupçonnés d’être à l’origine des contaminations, les scientifiques ont finalement trouvé qu’il s’agissait d’une machine à laver utilisée seulement pour laver les vêtements des jeunes mamans ainsi que les bonnets et chaussettes des bébés, en dehors de la blanchisserie de l’hôpital. Des échantillons ont été prélevés au niveau du bac à détergent ainsi que du joint en caoutchouc de la porte de l’appareil.Un cas “extrêmement rare”, souligne Ricarda M. Schmithausen, co-auteure de l’étude, les hôpitaux utilisant normalement des lave-linges spéciaux et des processus de lavage permettant de nettoyer le linge avec des désinfectants et à haute température. Là serait d’ailleurs tout le problème : les machines à laver domestiques ont tendance à laver les vêtements à des températures de plus en plus basses de façon à économiser de l’énergie (moins de 60°C). Or, à ces températures, les micro-organismes sont moins susceptibles d’être éliminés.Un risque pour les personnes fragilesEt cela constituerait un réel danger pour les populations les plus fragiles : “Si des personnes âgées ayant des blessures ouvertes ou des cathéters urinaires et nécessitant des soins infirmiers, ou des jeunes avec des plaies purulentes et des infections vivent dans le foyer, le linge doit être lavé à plus haute température, ou avec des désinfectants efficaces, pour éviter la transmission de dangereux pathogènes, avertit Martin Exner, également co-auteur de l’étude. C’est un enjeu croissant pour les hygiénistes, le nombre de personnes recevant des soins infirmiers par les membres de leur famille augmentant constamment.”Les enfants touchés n’ont heureusement pas été infectés, c’est-à-dire que la bactérie était présente sur leur peau sans causer d’infection. Et après que la machine à laver a été mise hors d’usage, “aucune autre colonisation n’a pu être détectée” à l’hôpital, affirment les chercheurs. De plus amples recherches sont nécessaires pour comprendre comment les bactéries ont pu s’y nicher. Pour autant, selon eux, la problématique des lave-linges en milieu hospitalier doit être prise au sérieux afin de “prévenir et contrôler les infections nosocomiales”. “De plus, l’étude implique que des changements au niveau de la fabrication des machines à laver soient nécessaires pour prévenir l’accumulation d’eau résiduelle propice au développement microbiologique et ainsi à la contamination des vêtements”, concluent-ils.