Des esprits invisibles plannent toujours au-dessus de l’actuel siège du Fespaco. C’est ce que semble croire le ministre de la Culture des Arts et du Tourisme burkinabè, Abdoul Karim Sango, qui a déclaré que son gouvernement renonçait à achever les travaux de l’édifice. «On est en Afrique, l’entrepreneur dit qu’il y a des génies là-bas», a-t-il affirmé, le 20 septembre 2018, devant la presse, à propos du chantier inachevé du bâtiment. «Vous voulez qu’on fasse quoi? On a fait des sacrifices, mais apparemment ça n’a rien donné. On est en train de réfléchir avec le Fespaco et les acteurs pour voir s’il ne faut pas laisser les génies tranquillement à leurs place et trouver un autre lieu.» 

Construit le long canal qui traverse la capitale, elle-même bâtie sur les rives de la rivière Kadiogo, le siège du plus grand festival panafricain du cinéma et de la télévision est implanté sur un lieu dont les anciens prétendent qu’il est chargé de présences surnaturelles. 

Un lieu de sacrifices rituels
L’un deux, cité par le site radioburkindi.com, raconte: «Le long de la rivière Kadiogo, surtout de la chapelle Jean XXIII à l’immeuble Boaghin, était un lieu de sacrifices rituels. Avant la construction du canal, beaucoup de gens tombaient du haut du pont Kadiogo. Dans la zone, les boas sacrés du Mogho Naba visitaient les cours mais ne s’attaquaient pas aux gens. On leur donnait du zoom-koom (boisson faite à base de farine de petit mil) et on allait informer sa Majesté qu’on avait reçu des étrangers. Ainsi, il envoyait faire les sacrifices et les boas se retiraient.»

Des spécialistes de l’histoire mystique de la capitale burkinabè avaient mis en garde contre le choix de la localisation du nouveau siège inauguré en 2005, selon Jeune Afrique. Et le journal de préciser que «les lieux ont abrité autrefois un bois sacré dont il convenait de respecter la mémoire, comme à l’époque où l’on offrait de la farine de petit mil aux boas sacrés de l’empereur des Mossis», l’ethnie majoritaire du Burkina Faso.

Incendie inexpliqué en 2013
Ce pan de l’histoire, toujours vivace dans le Burkina Faso moderne, alimente la rumeur selon laquelle les «génies attaquent toujours quand ils sont offensés» par les vivants. L’incendie qui s’est déclaré le 15 janvier 2013 est resté gravé dans les mémoires. Le feu avait mystérieusement pris sur la charpente en bois d’une salle de conférences et de projections du Fespaco, aux normes internationales, prévue pour accueillir 525 visiteurs. A l’époque, Thiéry Compaoré, l’architecte du bâtiment, écartait l’hypothèse d’un court-circuit. «Il n’y a aucun branchement électrique sur le chantier. Les fils qui sont visibles ne sont pas alimentés en électricité», affirmait-il. Les travaux de cette salle avaient été maintes fois interrompus et avaient repris en mai 2012. 

La biennale du cinéma africain prépare sa 26e édition, du 23 février au 3 mars 2019, a pour thème: «Confronter notre mémoire et forger l’avenir d’un cinéma panafricain dans son essence, son économie et sa diversité». Après l’Egypte en 2015 et la Côte d’Ivoire en 2017, c’est au tour du Rwanda d’être à l’honneur. «Environ 200 films seront présentés au cours de 350 séances de projection dans les villes de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Ouahigouya», a déclaré le délégué général du festival, Ardiouma Soma, promettant des innovations majeures. ​A l’aube du cinquantenaire de la création du festival, en 1969, les «forces invisibles» font toujours parler d’elles!Click Here: Fjallraven Kanken Art Spring Landscape Backpacks